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Moshe aimait vraiment se donner en spectacle. Il paraît qu’au kibboutz, il s’était spécialisé dans l’imitation des grands comiques américains : Buster Keaton, Laurel et Hardy et son préféré, Charlie Chaplin. Quand il est revenu à Haïfa, il s’est inscrit au cours d’art dramatique, mais son professeur n’a pas toléré longtemps son manque de discipline. A cette époque, il commençait à gagner sa vie en se faisant engager comme berger ou pour la récolte des oranges… Il a même démarré un apprentissage pour devenir réparateur de frigo ! N’allez pas vous imaginer pour autant que Moshe était un garçon superficiel et plein d’insouciance. De notre petite bande et malgré toute ses pitreries, il était sans doute le plus difficile à vivre. Pourquoi je dis ça ? Vous croyez qu’il en existe beaucoup, des gamins de treize ans qui souffrent d’un ulcère à l’estomac ? D’ailleurs, cette maladie lui a valu plus tard d’être exempté du service militaire…



Avec son frère Zvi qui jouait de l’accordéon, Moshe a étudié la guitare. Ensuite, il s’est mis à chanter dans les soirées privées, pour les mariages, les bar mitzvahs… C’est à cette époque qu’il a choisi son pseudonyme d’artiste : il a adapté son second prénom, Mikael, et modifié la dernière lettre de son patronyme pour éviter la confusion avec une célèbre marque d’appareils ménagers. Son groupe s’appelait les Chocolate’s, peut-être en souvenir de ces merveilleux cornets de glace qui avaient su lui donner le goût de la parole. Je dis ça, mais en réalité, je ne me souviens plus de la raison qui les a amenés, lui et son groupe, à faire un tel choix.



Rapidement, ils ont décroché des soirées au Rondo, le night-club de l’hôtel Dan Carmel, puis au Hilton, à Tel-Aviv, où il reprenait les grands standards des crooners américains : Presley, Sinatra, et aussi des romances italiennes comme O Sole mio. Il avait du succès, mais il se mettait déjà en colère quand on lui faisait remarquer que les femmes étaient plus sensibles à son regard qu’à sa voix. Il voulait devenir un véritable artiste, pas un numéro de foire… mais il est vrai qu’il était beau et qu’il plaisait aux femmes avec son visage d’ange, sa peau dorée et ses yeux clairs. Cela ne l’empêchait pas de de se replier sur lui-même et de rester parfois toute une journée prostré, incapable de dire un mot. Après la mort de son père, en 1967, ces déprimes passagères sont devenues plus fréquentes, même si elles ne duraient pas longtemps. Elles passaient comme les nuages…



Quand il a été engagé dans la troupe du Lakat Karmon, le grand music-hall d’Israël, il est parti en tournée en Afrique, en Australie et aux Etats-Unis, puis il est allé à Téhéran pour signer son premier contrat solo. A cette époque, il pouvait chanter jusqu’à cent cinquante chansons par soirée ! Sa voix était exceptionnelle : un registre de dix-sept notes en voix pure plus dix notes en suraiguës! Sylvie Vartan ne s’y est pas trompée : « Il avait une telle volonté de réussir et semblait si ambitieux que nous l’avons ramené en France avec nous », a t-elle confié plus tard, en évoquant leur rencontre sur la scène du Baccara où elle était de passage avec le chanteur Carlos avec qui elle se produisait alors en duo
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